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Témoignages et réalisations

Témoignage de Serge : accompagner vers l’espoir
Témoignage de Serge : accompagner vers l’espoir1/ Raconte-nous ton parcours de vie  Je suis né dans une famille d’agriculteurs, originaires du Nord de la France, le huitième de neuf enfants. On a grandi dans une vieille maison, avec une seule cheminée, nos chambres n’étaient pas chauffées. Tous mes grands frères travaillaient à la ferme. Une de mes sœurs est devenue institutrice. Quant à moi, après le bac, j’ai un temps pensé devenir prêtre… mais j’ai rencontré Monique, on est tombés amoureux et on s’est mariés en 1974. J’ai d’abord travaillé comme contremaître et responsable d’une unité agricole. J’encadrais dans les champs ; j’ai aussi appris comment entretenir un bâtiment, j‘ai fait des formations en électricité, et en toiture. Monique et moi avons eu 3 enfants, 1 fils et 2 filles ; et nous avons 5 petits enfants, qui ont entre 15 et 11 ans.  Ils nous occupent beaucoup, surtout au moment des vacances !  2/ Comment es-tu devenu bénévole ? Je crois que vivre à la ferme, ça apprend la solidarité. Et puis ma mère me demandait toujours d’aller aider la vieille voisine d’à côté pour rentrer son tas de bois. Quand on s’est installés avec ma femme dans notre petit village de l’Oise, j’ai eu envie de m’investir dans les affaires de ma commune. Pas besoin de faire de politique pour ça, il faut juste avoir envie d’agir pour les autres. Alors je suis entré au conseil municipal, et ça m’a plu. De fil en aiguille, je suis devenu responsable du personnel à la mairie. J’ai fait tout ça pendant longtemps de manière bénévole. Plus tard, quand je suis devenu premier adjoint à la mairie, j’ai perçu une petite indemnité. En même temps, j’ai commencé à faire du bénévolat pour le Secours Catholique local : à l’épicerie sociale, puis en distribuant des colis. Petit à petit, je suis devenu responsable d’équipe locale. Il y a tellement de manières différentes d’être bénévole. Ici dans notre boutique solidaire, certains préfèrent être à l’arrière pour trier des vêtements ; alors que d’autres préfèrent venir discuter avec les gens. Et puis d’autres encore font les deux.  Il faut laisser à chacun la liberté de choisir ce qu’il préfère. Et puis surtout, chacun peut évoluer, avec le temps. Ce que je préfère, c’est l’accompagnement « longue durée », tel que je le fais aux côtés de Réseau Eco Habitat. Mon style à moi, ce n’est pas d’être là dans l’urgence, mais d’être là au contraire sur le long terme, être là pour écouter les personnes. Je suis là pour aider la personne en la faisant grandir un petit peu, en la faisant « se dépasser » ; plus la personne grandit, et plus ça me réjouit. 3/ ta rencontre avec « Réseau Eco Habitat » ? Franck Billeau avait lancé Réseau Eco Habitat en 2014, et il était venu raconter son action en 2016 au Secours Catholique de Clermont de l’Oise. Je me souviens, il était venu accompagné de la SICAE (fournisseur d’électricité dans l’Oise). Franck avait déjà à son actif une première réalisation, la vidéo d’un premier chantier. C’était vraiment inspirant ! Du coup, j’ai invité Franck à venir présenter l’action de REH à mon équipe locale. 4/ Peux-tu nous raconter l’histoire d’Hélène, que tu as accompagnée avec REH ? Hélène c’est une dame très discrète de 64 ans, je la croisais comme bénévole localement depuis plusieurs années. Et puis un jour elle est venue me confier dans quelle situation elle vivait avec son mari : une maison insalubre (infiltrations, moisissures, froid) dévorée d’humidité, et sans chauffage. Hélène a élevé ses 3 enfants et assuré des emplois à temps partiel (garde enfants, entreprise de nettoyage…). Depuis 4 ans elle est victime d’une maladie handicapante. Ses soins se font à domicile. Son mari, qui est en invalidité, et maintenant retraité. Leurs conditions de vie étaient très difficiles car la chaudière gaz était tombée en panne, les moisissures envahissaient la maison. L’appoint de chauffage ambulant (pétrole) ne faisait qu’aggraver les désordres constatés. La famille se restreignait dans son chauffage pour ne pas avoir de facture trop importante. J’ai compris que Réseau Eco Habitat allait pouvoir l’aider, mais que cela allait être long. REH nous a bien expliqué, à la famille comme à moi, que le travail d’ingénierie sociale financière et technique déployé par l’association, nécessaire pour construire le projet et le rendre faisable, ne suffisait pas sur le plan humain et psychologique. Il faut en plus, aux côtés d’une famille en souffrance, un « tiers de confiance » : quelqu’un de volontaire pour accompagner dans la durée sur le plan psychologique, humain, sans quoi les familles finissent par se décourager ou ne plus avoir confiance. Je sentais qu’Hélène était en souffrance, alors j’ai accepté volontiers d’être ce « tiers de confiance ». Avec son mari au début, les relations n’étaient pas faciles du tout. Mais j’étais là pour accompagner, c’est-à-dire écouter sans juger, quel que soit le comportement. Par exemple, il n’ouvrait jamais ses relevés de banque : « je n’ai pas d’argent, à quoi ça servirait ?». J’ai dû le convaincre de les ouvrir pour qu’on puisse étudier ensemble leurs dépenses, les maigres rentrées d’argent, et faire ensemble leur budget, point de départ nécessaire pour le projet. 5/ Ca prend combien de temps d’être un « tiers de confiance » ? Accompagner une famille, ça veut dire pouvoir aller boire un café de temps à autre. Et sinon, téléphoner très régulièrement. Quelquefois, j’avais besoin de passer chez Hélène 2 à 3 fois par semaine, quand il y avait des paperasses à faire ; mais quelquefois je n’avais plus de contact physique pendant 2 mois, car les dossiers administratifs suivaient leur cours. J’ai dû leur apporter une aide administrative importante : créer un compte en ligne sur le site de l’Anah, choisir un mot de passe, déposer des documents en ligne… L’important c’est d’être présent dans la durée. Dans le cas de cette famille, il a fallu au total presque trois ans, depuis la première conversation avec Hélène jusqu’à la fin de réalisation des travaux. Mais dans le cas de cette famille, c’est le temps qui a été nécessaire pour venir à bout de tous les obstacles qui se sont dressés : au premier plan, des obstacles psychologiques et humains, et puis bien sûr aussi des obstacles sociaux, administratifs, financiers, techniques. 6/ Qu’est-ce qu’il y a eu de plus difficile pour toi ? Ma hantise dans cet accompagnement au long cours, c’était de les décevoir, d’avoir fait naître l’espoir et de ne pas pouvoir aller au bout ; j’avais peur que le « reste à charge » soit trop important. A chaque étape, il y a eu des bonnes nouvelles, et puis aussi des interrogations. 7/ Après les travaux, quel est l’impact de cet accompagnement sur la famille d’Hélène ?   Aujourd’hui, le changement est vraiment radical pour toute la famille d’Hélène : les travaux ont permis de refaire toute l’isolation, la toiture, les murs, et de changer le système de chauffage. La maison est enfin décente, et ils ont enfin chaud l’hiver. Un des fils, sans emploi, est revenu vivre à la maison. Hélène dit qu’elle se sent heureuse car elle peut enfin recevoir sa petite fille, en situation de handicap, dans une maison enfin chauffée et décente qui ne sent plus l’humidité. Sur un plan plus intime, je dirai qu’Hélène qui s’est toujours occupée des autres sans jamais s’occuper d’elle-même, a senti que cette fois-ci quelqu’un s’occupait vraiment d’elle, une association travaillait pour elle, c’était elle qui était importante.  Elle est très émue de ce qui est arrivée, elle va mieux, et elle est contente de pouvoir vieillir avec son mari dans sa maison enfin rénovée et chauffée. 8/ Tu veux former d’autres bénévoles ? Oui, maintenant je veux passer plus de temps avec mes petits-enfants, j’ai 70 ans, il est temps pour moi de passer le relais. Alors je suis en train de passer la main à un bénévole plus jeune, Alain, qui a une cinquantaine d’années et qui travaille encore. Je suis content car la relève est bien là ! [...] Lire la suite…
Témoignage de Claude : du micro-crédit à la précarité énergétique
Témoignage de Claude : du micro-crédit à la précarité énergétiqueClaude, bénévole à Réseau Eco Habitat et aux Restos du Coeur 1/Quel est ton parcours de vie ? Je m’appelle Claude, j’ai 66 ans, je suis fils d’agriculteur, né dans une famille de 4 enfants. Après des études d’ingénieur chimiste, à Lille, j’ai commencé ma carrière professionnelle chez un équipementier automobile, en tant que responsable de laboratoire, pendant 10 ans. Puis j’ai travaillé pendant 30 ans comme ingénieur technico-commercial dans un groupe américain, Dupont de Nemours. Je suis marié, ma femme travaille dans les finances publiques. Nous avons deux enfants : une fille professeur des écoles, et un fils ingénieur en électronique qui travaille chez Ariane Espace. Je suis à la retraite depuis 5 ans. Je suis plutôt sportif, je pratique le tennis, j’aime aussi la marche de grande randonnée, et la haute montagne. 2/ Pourquoi es-tu devenu bénévole ? J’ai eu plutôt de la chance dans la vie, alors ça me paraissait normal, le moment venu, d’aider ceux qui n’en ont pas eu. Au début je voulais surtout faire du soutien scolaire auprès d‘enfants issues de familles défavorisées. J’ai commencé par déposer une annonce sur Leboncoin.fr : « je donne des cours gratuits de mathématiques/physique/chimie pour enfants de famille très modestes (avis d’imposition égal à zéro) ». Je n’ai reçu aucune réponse ! Ensuite, par l’intermédiaire du site « France Bénévolat » je me suis rapproché de l’association AGIR abcd, qui a une antenne dans la région de Creil. J’y fais du soutien scolaire, et du parrainage : ça consiste à aider un jeune en difficulté dans sa recherche d’emploi (amélioration du cv, simulation d’entretien). 3/Pourquoi le micro-crédit ? Aux Restos du Cœur de Compiègne, un groupe d’enseignantes avait démarré du soutien scolaire auprès des familles les plus défavorisées. J’ai proposé mes services et j’y vais maintenant deux fois par semaine. Mais c’est surtout là que j’ai découvert une autre activité : l’aide au microcrédit. J’ai trouvé ça très novateur. Aider quelqu’un à faire son CV c’est bien ; mais si cette personne n’a pas de quoi s’acheter une voiture, alors il ne pourra pas travailler. J’ai compris que c’est comme ça que j’allais pouvoir être très utile : aider les personnes à obtenir un microcrédit auprès d’une banque, pour pouvoir s’acheter une voiture, trouver une emploi, et sortir de la précarité de manière durable. Je suis maintenant devenu responsable du microcrédit pour les 4 centres de la région de Compiègne. Concrètement : je rencontre la personne, je discute pour créer la confiance, et comprendre son besoin. On commence par faire le budget de la personne pour connaitre sa capacité de remboursement. Il faut ensuite rassembler tous les justificatifs demandés par la banque (Crédit Agricole, BNP, Caisse d’épargne…). Cela prend du temps car l’outil informatique n’est souvent pas maîtrisé par les personnes en précarité, et elles doivent se déplacer pour récupérer tous les éléments du dossier financier (CAF, Pôle Emploi…).  Les banques sont procédurières et ne tolèrent aucun manquement au dossier. Je dois donc être rigoureux. Sur ce point mon rôle est déterminant. Après l’envoi du dossier, la banque me contacte pour avoir mon avis. Si la demande est acceptée, le financement est effectué en quelques jours. L’emprunt maximum est de 5000€, sur une période maximum de 5 ans, à un taux de 4%. 4/Ta rencontre avec Réseau Eco Habitat ? C’est au Secours Catholique de Compiègne que j’ai entendu parler de Réseau Eco Habitat. J’ai tout de suite trouvé la démarche de REH de s’attaquer à la racine du problème de la grande précarité énergétique, très intéressante. Mais au début, je ne voyais pas bien comment repérer des familles. Puis, comme je suis bénévole dans plusieurs associations, j’ai eu une idée : environ 5% des familles bénéficiaires aux Restos du Coeur sont propriétaires de leur logement. Il m’a suffi de prendre contact avec ces familles pour leur parler de l’action de Réseau Eco Habitat auprès des propriétaires occupants. C’est comme ça que j’ai contacté Jacky, bénéficiaire des Restos du Cœur, qui vivait seul et qui n’arrivait pas à se chauffer dans sa maison en mauvais état. Jacky, souhaitait faire un microcrédit pour remplir sa cuve de gaz. Mais faire un emprunt sur 3 ans pour une cuve de gaz vidée en 3 mois, ça n’avait pas de sens. Par contre, ce qui était clair c’est que je venais de repérer une personne qui allait pouvoir être aidée par Réseau Eco Habitat : un propriétaire très pauvre qui n’arrivait pas à payer son chauffage l’hiver. 5/ Raconte-nous l’histoire de Jacky Je suis donc allé rencontrer Jacky chez lui, dans un petit village de l’Oise.  C’est un homme simple, célibataire de 60 ans, qui était cantonnier, et qui est au chômage depuis plusieurs années. Il n’a pas de téléphone portable, pas d’ordinateur, il ne sait pas du tout se servir d’un ordinateur. Mon rôle de « tiers de confiance » auprès de lui a été assez clair : il fallait l’aider dans toutes les démarches administratives, lui faire signer de nombreux documents, créer le compte Anah, remplir le dossier pour la région, vérifier les emails. De plus *J* a deux sœurs qui n’habitent pas très loin, avec lesquelles les liens s’étaient distendus. Mon rôle de tiers de confiance a été d’aller les voir, pour bien leur expliquer ma démarche, pour leur expliquer ce qui allait se passer avec Réseau Eco Habitat : la recherche des financements, des devis, des travaux. Elles ont bien compris et se sont impliquées. Il a fallu également contacter l’organisme de tutelle en charge d’une autre soeur handicapée (également copropriétaire de la maison). Les travaux à faire dans la maison étaient lourds : isolation des murs, combles perdus, réfection de toute l’électricité, de la salle de bain, remplacement du chauffage à gaz par une pompe à chaleur. Les travaux, d’un montant d’environ 45 000 euros ont été complètement réalisés en 3 mois. Et ainsi Jacky a pu passer son premier hiver au chaud. C’est une vraie satisfaction pour lui et pour tous. 6/Ca veut dire quoi être “tiers de confiance” ? Je ne souhaitais pas faire de distribution alimentaire car même si cette action est très utile pour des gens dans le besoin, c’est une aide à court terme qui ne permet pas de remettre pas en selle les égarés de la vie. Par contre, accompagner quelqu’un en tant que « tiers de confiance », comme pour Réseau Eco Habitat, c’est autre chose. Pour expliquer en quoi ça consiste, je vous raconte l’histoire de Nadine. C’est une dame au chômage, ancienne caissière de 61 ans, qui habite avec son fils de 45 ans, chômeur également. Elle a des dettes de factures d’électricité et d’eau. Je l’ai rencontré par une relation commune. Lors de notre premier contact, je lui ai proposé de l’inscrire aux Restos du Cœur pour diminuer ses dépenses courantes. Comme elle est propriétaire d’une maison en très mauvais état, j’ai pensé qu’elle pourrait également bénéficier de l’aide de REH pour rénover son logement. En discutant avec elle, elle m’a expliqué qu’elle était propriétaire en indivision avec sa sœur. ça a alors rajouté une difficulté : il a fallu renouer avec sa sœur avec qui elle était en mauvais terme, lui expliquer et la convaincre qu’il y avait des solutions pour aider Nadine à sortir de sa situation et  entreprendre une rénovation globale de la maison. Aujourd’hui, Nadine est accompagnée au long cours par REH dans ce projet de rénovation globale, financé en partie par l’Anah. Pendant que REH met en route les différentes actions de ce projet (recherche de tous les financements possibles, contacts avec les artisans, discussion du prix des devis) mon rôle de « tiers de confiance » prend toute sa mesure: Nadine m’appelle quand elle a un besoin. Par exemple, je lui ai trouvé une assurance moins chère pour sa voiture, j’ai appelé EDF pour faire baisser la puissance de son compteur, j’ai aidé son fils en recherche d’emploi à améliorer son CV, j’ai également déposé la déclaration de travaux en mairie… Bref des petits services qui facilitent la vie quand vous êtes en difficulté.  Je sais qu’elle a maintenant confiance, et c’est comme ça qu’on arrive à faire avancer les choses pour elle. 7/ C’est quoi les qualités du « tiers de confiance » ? Savoir désamorcer la méfianceSavoir convaincre, être crédibleSavoir être clair, directif : pour aider des personnes paumées, qui ont besoin d’être guidées et boostées. C’est clair qu’il y a une dimension altruiste – chercher à aider les autres ; mais il y a aussi une part d’égoïsme : car aider les autres, ça fait du bien ! Et puis dans le bénévolat, il faut accepter de payer de sa personne, accepter de s’investir de manière un peu anarchique : je donne mon numéro de téléphone c’est indispensable, et je ne sais pas quel jour ni à quelle heure on va m’appeler. Être « tiers de confiance », c’est clairement donner beaucoup de son temps ! [...] Lire la suite…
Témoignage de Marie-Claire : je suis “tiers de confiance”
Témoignage de Marie-Claire : je suis “tiers de confiance”1/ Peux-tu nous raconter ton parcours de vie? J’ai 58 ans, je suis née à Compiègne, dans l’Oise. Mes parents étaient agriculteurs. Je viens d’une famille très nombreuse, j’ai 7 sœurs et 2 frères. Je suis la petite dernière ! On a tous grandi à la ferme, où on a appris à être solidaires et bienveillants les uns envers les autres. Pendant les grandes vacances, ma mère organisait des journées d’activités manuelles/jeux dans les bâtiments de la ferme pour les enfants du village, sous la surveillance de mes grandes sœurs qui jouaient les monitrices, c’était très joyeux ! J’ai fait une formation pour être diététicienne, métier que j’ai exercé pendant quelques années. Ensuite, j’ai rencontré mon mari Gilles. Mon mari voyage beaucoup avec son travail, alors à chaque fois il m’a demandé et j’ai accepté de le suivre à l’étranger : en tout on a vécu 13 ans sur 4 continents : Seychelles, Macao, Maroc, Brésil, Guadeloupe …Nous avons trois filles qui ont aujourd’hui, 31 ans, 30 ans et 22 ans. 2/ Ca fait longtemps que tu fais du bénévolat ? Comme Obélix dans la marmite de potion magique, je dirais que je suis « tombée » dans le bénévolat depuis l’enfance en voyant mes parents s’investir dans plusieurs associations. Je suis bénévole au Secours Catholique depuis 1998 (en dehors de nos périodes d’expatriation). Trésorière de 2006 à 2013, je suis maintenant responsable de l’équipe locale du Multien (sud de l’Oise, proche région parisienne). Notre local est organisé en boutique solidaire où on vend des vêtements très peu cher, et où les gens peuvent venir discuter et trouver un peu de chaleur humaine autour d’un café. 3/ Comment s’est passée ta rencontre avec Réseau Eco Habitat ? Dans l’Oise, au Secours Catholique, on a la chance d’avoir un « référent précarité énergétique » local, Jean-Luc Dechoux, qui agit en interaction avec Réseau Eco Habitat et les bénévoles pour aider au repérage des familles en grande précarité énergétique. En 2018, Jean-Luc est venu me voir dans mon équipe du Secours Catholique local à Betz (Sud de l’Oise) pour me signaler 3 dossiers de familles propriétaires en grande précarité énergétique, dont celui de Laure. 4/ Une histoire qui t’a marquée ? L’histoire de Laure, c’est une femme à qui la vie a envoyé beaucoup d’épreuves. Au début, tout va bien, elle s’installe avec son mari et leur petit garçon. Ils font construire une maison, dans un village du Sud de l’Oise, à la lisière avec l’Ile de France. Un deuxième enfant arrive, mais elle est très malade et doit subir une greffe de foie à l’âge de 2 ans. Un troisième enfant nait,  quand subitement le mari de Laure meurt d’une crise cardiaque. Laure doit élever seule ses trois enfants tout en travaillant comme aide-soignante dans un hôpital de la région parisienne, et gagne un salaire très modeste. A défaut d’isolation, Laure n’arrive pas à chauffer le pavillon et les factures d’électricité s’accumulent d’années en années. Dépassée par la situation, Laure fait appel à une assistante sociale, puis à l’épicerie sociale. C’est à ce moment que notre équipe l’a rencontrée. Je suis allée la voir chez elle. Je lui ai dit que j’étais là en tant que bénévole, simplement avec ma bonne volonté, et que j’allais être comme « l’antenne » de Réseau Eco Habitat sur le terrain. Je lui ai dit qu’on allait essayer d’arranger les choses, parce que des solutions il y en a toujours. Quant à leur maison, qui paraît correcte de l’extérieur, elle n’est pas du tout en bon état. Chauffée uniquement avec l’insert bois et des chauffages d’appoint, l’humidité dégrade de plus en plus l’intérieur. Son mari avait installé une cheminée, et avait le projet d’y faire d’autres travaux. Après son décès, Laure fait appel à des électriciens pour faire des réparations, mais hélas c’était des électriciens véreux qui l’ont escroquée. L’association Réseau Eco Habitat pose un diagnostic technique sur sa maison : les travaux de rénovation globale nécessaires sont évalués à 50 000 euros, qui pourront être financés en partie par l’Anah. L’association s’occupe d’aller chercher tous les financements possibles et imaginables, mais il y aura un « reste à charge » pour Laure de 10%, soit 5000 euros, et c’est beaucoup trop lourd pour elle. Le microcrédit n’était pas possible pour elle avec sa banque. En plus, un événement inattendu est venu compliquer le tout : Laure obtient début 2019 une augmentation de salaire. Elle est bien sûr très contente, et moi aussi ! Mais patatras ! son augmentation de salaire fait qu’elle change de catégorie fiscale pour l’administration, et donc pour l’Anah aussi : comme elle a droit à moins d’aides de l’Anah, il faut refaire tous les plans de financement, pour trouver plus d’aides complémentaires de la part d’autres financeurs publics, privés et caritatifs. Parmi eux, le Secours Catholique a participé à hauteur de 2000 euros. Finalement, après toutes ces péripéties, les travaux de rénovation ont enfin pu avoir lieu chez Laure au mois d’octobre et novembre 2019. Pendant les travaux, elle était vraiment en grand stress, et m’appelait tout le temps : elle avait été échaudée par sa mauvaise expérience avec les électriciens véreux, alors elle avait peur, elle avait vraiment besoin qu’on la rassure. Le symbole de la cheminée :  La cheminée de Laure était fendue et ne fonctionnait plus du tout, il fallait la remplacer par un meilleur système de chauffage (un poêle à granulés). Mais Laure ne voulait pas se séparer de cette cheminée, car posée par son mari dans sa maison, le souvenir était « sacré » pour elle. Le coordinateur technique de Réseau Eco Habitat, et les artisans de l’entreprise, ont dû faire preuve de beaucoup de psychologie et de délicatesse, car c’était un sujet très sensible pour elle. Ils ont d’abord proposé une alternative, changer la position du poêle a granulés… Elle a pris beaucoup de temps pour y réfléchir. Pour aider Laure à prendre sa décision, je lui ai dit que son mari s’il était encore là, souhaiterait sans doute beaucoup plus voir sa femme enfin au chaud et en sécurité dans sa maison avec ses enfants, plutôt que voir une vieille cheminée qui ne faisait plus son office. Elle a énormément pleuré, mais enfin elle a pu prendre sa décision. A la fin, grâce à Réseau Eco Habitat, l’entreprise ont pu enlever la cheminée et mettre le poêle à granulés à la place. 5/ Comment tu résumerais ce rôle de « tiers de confiance » ? Être « tiers de confiance », c’est être en proximité avec la personne sans la juger, pour qu’elle se sente suffisamment en confiance, pour pouvoir l’aider à avancer sur son propre chemin. Mais c’est aussi être très pragmatique, et remonter les manches en aidant par exemple à débarrasser la maison avant les travaux. Laure ne savait pas jeter, alors elle avait gardé toutes les robes de bébé de ses filles pendant toutes ces années : comme elles étaient en bon état, plutôt que de les jeter, je lui ai demandé de les récupérer pour la boutique solidaire du Secours Catholique, elle a dit OK. Et puis j’ai fait beaucoup d’allers et retours avec ma voiture jusqu’à la déchetterie! Laure a aujourd’hui énormément de reconnaissance, envers moi, et envers Réseau Eco Habitat. Elle dit simplement : « Merci ! Vous m’avez changé la vie !… »    6/ Aimerais-tu sensibiliser d’autres personnes ? Oui bien sûr je le ferai avec plaisir, c’est important que d’autres personnes puissent expérimenter ce rôle de “tiers de confiance”. Et d’ailleurs, je dis souvent que si j’avais rencontré Réseau Eco Habitat plus tôt dans ma vie, j’aurais même envoyé mon CV pour pouvoir y travailler ! [...] Lire la suite…
Nadine et Jean-Pierre : “il y avait des rats dans le cagibi”
Nadine et Jean-Pierre : “il y avait des rats dans le cagibi”Jean-Pierre et Nadine ont acheté une très vieille maison délabrée pour 50 000 euros dans un petit village de l’Oise. Une petite maison sans aucune isolation, sur un terrain en pente où les eaux de pluie s’infiltrent dans tous les murs. Les quatre enfants du couple ont grandi dans cette maison insalubre. Geoffrey, l’un des fils, raconte : « c’était une atmosphère invivable, on avait des rats dans le cagibi ! ». Jean-Pierre et Nadine enchaînent les petits boulots, la famille a de très maigres revenus. Pendant des années, Nadine va chercher des vêtements pour ses enfants au Secours Catholique local. Là-bas, elle sympathise avec une bénévole, Paule. Après avoir hésité pendant longtemps, Nadine finit par accepter que la bénévole vienne à sa maison. Paule leur parle de l’association Réseau Eco Habitat. Le coordinateur technique de l’association pose un diagnostic : leur maison est insalubre et il faudra faire des travaux lourds de réhabilitation d’environ 60 000 euros. “Mais c’est une somme énorme, c’est impossible pour nous !” s’écrie Nadine. Patiemment, la coordinatrice sociale et financière monte un dossier de financements (publics, privés et caritatifs) pour la somme de 54 700 euros. Le reste à charge pour la famille sera de 5 873 euros (et sera remboursé à hauteur de 150 euros par mois par un prêt CAF). Mais il faut du temps pour que le dossier complexe puisse aboutir auprès de l’Anah. Jean-Pierre est alors victime d’un petit accident vasculaire cérébral. Réseau Eco Habitat va adapter le programme de travaux aux nouveaux besoins de Jean-Pierre : une douche à l’italienne, un WC rehaussé, une rampe d’accès extérieur. Les travaux ont finalement eu lieu à l’été 2019 :  fibre de bois pour l’isolation, changement des menuiseries, électricité, ventilation, mode de chauffage… Nadine et Jean-Pierre se sentent enfin bien dans leur logement, et les deux fils qui se sont investis dans les travaux de la maison reviennent voir leurs parents beaucoup plus souvent, pour qu’ils voient leurs petits-enfants. [...] Lire la suite…
Benoît et Hubert : une transformation complète
Benoît et Hubert : une transformation complète« J’ai 76 ans, je croyais avoir tout vu dans ma vie », raconte Hubert. «  Mais non, je ne savais pas qu’on pouvait vivre en 2021 en France dans de telles conditions : une maison où il pleut à l’intérieur, où il fait 9°C, sans eau chaude. Quand je rencontre Benoît pour la première fois chez lui, dans un petit village de l’Oise, je remarque que ses yeux fuient le regard des autres. Sa maison est dans un état tel que j’ai l’impression de retourner dans le passé : une maison très froide, des courants d’air partout, des moisissures, des fils électriques apparents.  Benoît ne se chauffe presque plus.  Je rencontre alors l’association Réseau Eco Habitat. Leur coordinateur technique explique qu’il faudra des travaux lourds pour rendre habitable cette passoire énergétique (total 43 000 euros). Leur coordinatrice sociale et financière explique qu’il faudra déposer un dossier à l’Anah, mais aussi auprès d’autres organismes. Au début je ne comprends pas bien mon rôle de bénévole ou de « tiers de confiance ». Puis les travaux commencent, et là je comprends. Benoît était tellement stressé, il n’arrivait plus à s’exprimer. Alors j’allais sur le chantier tous les jours avec lui, ça le rassurait. Le rôle du “tiers de confiance“ Un jour, Benoît n’a plus eu besoin de moi pour téléphoner ou parler aux ouvriers. Il s’est rendu compte que ce n’était pas si compliqué. C’est une véritable transformation qui s’est opérée. Pour résumer : d’un côté, il y a la maison et les travaux, qui sont très bien pris en charge par les coordinateurs professionnels de « Réseau Eco Habitat ». Mais de l’autre côté, il y a la personne elle-même, comment ça vient la bouleverser dans son histoire de vie, et ça n’a rien à voir avec les travaux. Et ça, c’est bien au bénévole ou « tiers de confiance » de s’en occuper . La mission du “tiers de confiance” c’est de redonner confiance à quelqu’un qui n’en a plus. C’est aider la personne à grandir, et à se redresser.  Benoît est transformé, il regarde enfin dans les yeux, il est très fier de sa maison, il la décore. Quant à moi, cette histoire d’amitié m’a profondément transformé. » [...] Lire la suite…
Clarisse et Stéphane ont retrouvé le sourire
Clarisse et Stéphane ont retrouvé le sourireClarisse et Stéphane vivent avec leurs 3 enfants, de 9, 4, et 2 ans, dans une maison près de Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise. Cette maison, c’est une vraie « passoire énergétique », sans aucune isolation, où il fait très froid et humide l’hiver. « Ce n’était pas tolérable de coucher les enfants dans une chambre à 14°C » raconte Clarisse. Les maigres revenus de la famille – Stéphane est micro-entrepreneur en carrosserie et Clarisse sans emploi- ne suffisent plus à payer les factures d’électricité de 300 €/mois. Clarisse raconte : « il fallait tous les jours choisir entre manger et se chauffer correctement ». Ensuite Clarisse va rencontrer un bénévole du Secours Catholique local, Christian Guillier, qui va leur redonner confiance, et les mettre en contact avec l’association « Réseau Eco Habitat » (REH). Réseau Eco Habitat préconise un programme de travaux lourds : réfection de la toiture, isolation des murs et des plafonds, ventilation, changement du système de chauffage pour un montant total de 42 000 euros. L’association travaille d’arrache-pied et va réussir à trouver pas moins de 11 sources de financement distinctes pour boucler le plan de financement pour faire les travaux (l’Anah, la région, le département, la CAF…). Pendant toute cette période, pour que la famille ne se décourage pas, le bénévole va voir et discuter avec Clarisse et Stéphane toutes les semaines. Une véritable relation d’amitié se noue. Les travaux ont eu lieu en janvier 2019. Ils ont permis à la maison de passer de la classe G à la classe D, en divisant par 3 leurs dépenses de chauffage. A l’école, le fils aîné raconte à sa maîtresse : « Maîtresse ! maintenant, on ne vit plus dans une maison de pauvres ! ». Aujourd’hui Clarisse a retrouvé un emploi et le sourire. [...] Lire la suite…
Denis : “Vivre les volets fermés, ce n’est pas une vie”
Denis : “Vivre les volets fermés, ce n’est pas une vie”Denis a 65 ans, c’est un ancien plombier-chauffagiste. Les cordonniers sont souvent mal chaussés : cela fait très longtemps que Denis ne parvient plus à chauffer sa maison. Plusieurs soucis familiaux, financiers, et de graves problèmes de santé l’ont mené petit à petit dans la plus grande précarité. Il vit seul et reclus dans sa maison, les volets fermés. Denis est très attaché à sa maison, il y a vu grandir ses deux filles, et ne la quitterait pour rien au monde. C’est alors qu’il rencontre une personne déterminante : Jacqueline, qui est bénévole pour l’association Réseau Eco Habitat, et qui grâce à des voisins, entend parler de la situation de Denis. Jacqueline rend visite à Denis dans sa maison, vient prendre le café régulièrement, et à force d’écoute et de chaleur humaine, le courant commence à passer entre eux. « Elle m’apporte une amitié que je n’avais plus », sourit Denis. Jacqueline raconte : « Je montre à Denis qu’il n’est plus tout seul, je lui redonne confiance, motivation et espoir. Je le maintiens dans l’optique que bientôt, il pourra vivre mieux. « Le jour où je pourrai rouvrir mes volets et fenêtres, la lumière entrera. Je respirerai un grand coup et j’aurai la satisfaction de me dire : ça y est, c’est fait, je vais vivre ! » s’enthousiasme Denis. Denis a bénéficié pour environ de 25 000 euros de travaux pour la réhabilitation de sa maison: isolation, fenêtres en PVC, ventilation, chaudière à gaz… Denis est aujourd’hui décédé, mais grâce à la confiance et l’amitié de Jacqueline, il aura pu, avant de nous quitter, rouvrir ses volets pour laisser entrer la lumière du jour. [...] Lire la suite…
Hélène, l’assistante maternelle et la fée Clochette
Hélène, l’assistante maternelle et la fée ClochetteHélène, la cinquantaine rayonnante et dynamique, est assistante maternelle à Villers-Cotterêts, dans l’Aisne. Cette mère courage a élevé seule ses 3 enfants dans une maison sans eau chaude, ni chauffage central. Avec seulement quelques radiateurs électriques vétustes, Hélène voit ses factures d’électricité augmenter. Une assistante sociale l’oriente vers l’Anah pour demander une aide publique à la rénovation. Hélas Hélène en cherchant des devis d’artisans tombe sur arnaque, une entreprise qui n’existe plus. Alors Hélène décide d’abandonner sa démarche. Heureusement, un bénévole du Secours Catholique local lui suggère d’entrer en contact avec l’association Réseau Eco Habitat. Hélène rencontre alors sa « fée Clochette », qui n’est autre que la coordinatrice sociale et financière de l’association. C’est elle qui va l’aider à contacter des entreprises locales fiables, et à monter son dossier Anah. Quelques mois plus tard l’Anah notifie son accord, mais le crédit alloué ne sera disponible qu’un an plus tard. Les travaux ont alors enfin lieu : une chaudière à gaz est installée, des travaux d’isolation du grenier et du sous-sol, une VMC, des fenêtres à double-vitrage. Le travail réalisé par Réseau Eco Habitat a permis de coordonner plusieurs financeurs : l’Anah, le Conseil Départemental, la CAF, le Secours Catholique et la Fondation Abbé Pierre ; ce qui a permis de financer des travaux de 20 000 euros, en réduisant le reste à charge pour Hélène à 2500 euros – avancé par le Conseil Départemental, puis remboursé par Hélène. Hélène a ainsi pu reprendre son activité d’assistante maternelle, accueillant les enfants à son domicile, dans une maison enfin saine et digne. [...] Lire la suite…
Sylvain Gauthier, PDG de Easyvista et Président de la fondation pour un monde nouveau
Sylvain Gauthier, PDG de Easyvista et Président de la fondation pour un monde nouveau1/ Bonjour, pourriez-vous résumer votre parcours jusqu’à devenir PDG de l’entreprise Easyvista ? Je suis né à Dijon en 1957, j’ai 63 ans. J’ai fait une école de commerce à Dijon. J’ai toujours été un entrepreneur, j’ai d’abord créé une entreprise de meubles pour enfants, puis après je me suis lancé dans l’informatique. J’ai co-créé l’entreprise Easyvista en 1988, qui fabrique des logiciels pour les services informatiques des moyennes et grandes enterprises (Auchan, Vinci…). Aujourd’hui nous avons 150 salariés en France,  600 clients en France et 1000 dans le monde. Sur un plan plus personnel, je suis un curieux, je m’intéresse un peu à tout, la photo, le taï-chi, la sophrologie. J’ai deux jumeaux de 26 ans : un fils qui est concepteur de jeux vidéos, et une fille qui rédige une thèse de sociologie sur la place des femmes sur Youtube. 2/ Pourquoi et comment avez-vous créé la « Fondation pour un Monde Nouveau » ? J’ai créé la « Fondation pour un Monde Nouveau » il y a deux ans. J’ai toujours aimé créer des entreprises, mais à mon âge, je me suis dit que cette fois, j’allais créer une fondation, c’est-à-dire une organisation à but non lucratif qui ait un véritable impact social. Je ne voulais pas me limiter à de simples dons, car la charité ne change pas les systèmes. Je trouve que notre modèle de société dysfonctionne de plus en plus, il y a un déséquilibre sociétal. Les gens ne se parlent plus, sont centrés sur eux-mêmes ; je veux agir pour que ça change vraiment. L’idée que j’avais en créant cette fondation c’est que, comme pour une start-up, pour une association qui veut démarrer une activité non lucrative il y a toujours beaucoup d’aides au démarrage. Par contre, il n’y a que très peu de relais et d’aides par la suite, quand l’association ou la start-up veut grossir et changer d’échelle, c’est là que beaucoup d’entre elles ne survivent pas. C’est pour ça que La Fondation pour un Monde Nouveau soutient des projets qui : Ont déjà débuté depuis 2 ou 3 ans Ont un très bon concept déjà validé Ont démarré sur une zone géographique restreinte mais avec une volonté de développement Ont un modèle économique qui fonctionne (ne dépendant pas uniquement de subventions) J’ai choisi trois thèmes privilégiés qui répondent à trois besoins vitaux et peuvent être facteurs d’exclusion : le logement ; l’alimentation ; le numérique. La Fondation fait des levées de fonds auprès d’entreprises qui souhaitent faire du mécénat et  financer des projets à impact social, encouragées par les nouvelles dispositions fiscales qui exonèrent de 60% les donations de toute entreprise jusqu’à 20.000€ par an. Mais en général ces entreprises ne savent pas vers quelle quelle association ou ESUS se tourner. La Fondation pour un Monde Nouveau a sélectionné 6 associations sérieuses, dont la première est Réseau Eco Habitat, que je vais accompagner sur la durée de 2 ou 3 ans.  J’assure ainsi les entreprises donatrices que chaque euro qu’elles donnent sera vraiment bien utilisé et aura un impact social sur la durée. 3/ Comment et pourquoi avez-vous choisi de soutenir Réseau Eco Habitat ? Je ne cherche pas uniquement des projets ponctuels , mais je cherche surtout des relations qui s’inscrivent dans la durée. Alors j’ai cherché des structures dynamiques, qui existaient déjà depuis 2 ou 3 ans, qui rentraient dans les trois thématiques : logement, alimentation, numérique ; et qui avaient pour volonté de se développer et de devenir plus grandes, de changer d’échelle. J’ai trouvé 10-12 structures en France qui correspondaient à mes critères, je les ai appelées au téléphone, et j’ai vu si ça accrochait ou pas. J’ai aussi fait attention de sélectionner des structures à la fois à Paris et en province. C’est ainsi que j’ai appelé Franck Billeau, on s’est rencontrés, nous nous sommes bien compris, et j’ai ainsi décidé de soutenir « Réseau Eco Habitat » dans le cadre de son développement dans d’autres régions. . Parmi les autres projets soutenus par la Fondation pour un Monde Nouveau : « les Petites Cantines » à Lyon, « Familles Solidaires » à Mulhouse ; « Bayes Impact », « Reconnect », et « Schola Nova » à Paris et région parisienne. 4/ Vous vous décririez comme un mécène ? Eh bien en fait non. Je dirais plutôt que je suis quelqu’un qui aime agir, j’aime mettre en place des systèmes qui marchent. J’aime mettre en relation les gens pour trouver des solutions efficaces. Je suis un pragmatique. S’il fallait trouver un seul mot, je dirais peut-être « activiste » pour l’amour de l’action et du faire. Avec la Fondation, j’aide les mécènes dans toute la France à bien diriger leurs donations vers des associations efficaces qui veulent changer d’échelle pour vraiment changer le monde. [...] Lire la suite…
Bernard Mathon, bénévole au Secours Catholique
Bernard Mathon, bénévole au Secours CatholiqueBernard Mathon, 76 ans, habite avec son épouse à Sailly-Lez-Lannoy, petite bourgade de la campagne près de Roubaix, sa ville natale. Ils ont deux filles, de 51 ans et 49 ans, qui leur ont donné au total 5 petits enfants. Bernard a construit sa carrière professionnelle comme technico-commercial pour l’entreprise américaine Kodak, grand nom de la photo, qui faisait aussi du matériel médical pour la radiologie. Bernard a vécu le passage historique de la photo argentique à la photo numérique. Il a été mis à en retraite à 58 ans. « Je dois beaucoup à mon entreprise qui m’a fait confiance et m’a laissé beaucoup de liberté. J’ai reçu beaucoup, alors je crois que j’ai eu besoin de donner beaucoup. » Besoin de s’engager Ce besoin d’engagement vient des tripes, lié à la figure paternelle. Le père de Bernard était représentant de commerce, et a toujours été tourné vers les autres. « J’ai toujours été un manuel plus qu’un intellectuel, j’aimais bricoler, et puis comme mon père j’aimais aller vers les autres ». Bernard a été élu au conseil municipal de sa commune Sailly-Lez-Lannoy pendant quatre mandats. Quand ses filles étaient à l’école, il s’est beaucoup investi dans la gestion des écoles, dans les comités de parents d’élèves. Puis Bernard est rentré au PACT, mouvement de « propagande et action contre les taudis ». Aujourd’hui le réseau des PACT est devenu SoliHa (Solidaires pour l’Habitat). Bernard rencontre l’association Emmaüs qui héberge les personnes en difficulté à la recherche de logements temporaires. C’est là que B. commence à s’engager pour l’habitat des personnes défavorisées. Le tournant de la retraite A 58 ans, au moment du départ à la retraite, loin de se replier sur lui-même, Bernard rejoint l’association des « Retraités Engagés Bénévoles ». Un ami lui propose alors de créer une antenne locale du Secours Catholique à Roubaix. Il se spécialise sur le logement et entre au Centre Communal d’Action Sociale de Roubaix. Rencontre avec Réseau Eco Habitat « Au sein du Secours Catholique, j’avais la thématique logement, c’est comme ça que j’ai rencontré Franck Billeau, fondateur de Réseau Eco Habitat. On s’est tout de suite entendu et on a commencé à travailler ensemble ». Bernard met en contact REH avec le GRAAL, Groupe de Recherche pour l’Aide et l’Accès au logement, qui est l’opérateur de réhabilitation de l’habitat de la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing. L’accompagnement d’une famille à Roubaix A la fin de 2017, Réseau Eco Habitat est saisi d’une demande de la part de l’enfant d’une famille; le jeune homme a entendu parler de REH dans un reportage télévisé sur la rénovation des logements indignes. Sa mère est une dame veuve de 59 ans d’origine tunisienne, qui est la propriétaire d’une maison très délabrée à Roubaix. Parmi les 6 enfants qu’elle a eus, 4 ont quitté le nid, et les 2 qui vivent avec elle sont atteints de trisomie. Réseau Eco Habitat demande alors à Bernard Mathon d’être le bénévole pour accompagner cette famille pour REH dans le long processus de rénovation de son habitat très dégradé. Le GRAAL sera en charge de piloter le dossier de financement, et le Chênelet sera en charge de piloter les travaux très lourds de rénovation. Sur un budget total de 83 000 euros de travaux de réhabilitation et rénovation, au total 77 000 euros de subvention vont être obtenus auprès de 8 financeurs différents (Anah, collectivités publiques locales, caisse de retraite), pour un reste à charge pour la famille de 6000 euros. Au début, la communication avec la mère de famille, qui parle peu français, n’est pas très facile. Les visites du bénévole se font quand les enfants sont là pour aider à la traduction. « C’est une dame qui a vécu des choses difficiles dans sa vie, alors au début quand on vient lui expliquer qu’elle a des droits et qu’on peut l’aider à retrouver ses droits, sa dignité, qu’on peut l’aider à monter un dossier pour financer des travaux de rénovation, elle n’y croyait tout simplement pas, elle n’imaginait pas. » Il faut l’audace de Réseau Eco Habitat pour dire « oui, je peux le faire, et oui je vais le faire ». Piloter des demandes de financements à destination de plusieurs financeurs pour des travaux de rénovation aussi lourds c’est vraiment très complexe. Le bénévole laisse cette tâche aux techniciens, aux professionnels de la rénovation de l’habitat que sont Réseau Eco Habitat, et le Graal. Le rôle du bénévole Le bénévole, quant à lui, avance sur un terrain différent. A la période de Noël 2019, la mère de famille a eu un coup de blues, elle avait peur d’une grosse facture de gaz qui allait arriver et qu’elle ne pouvait pas payer. Elle a failli tout arrêter. Je suis allé la voir pour lui parler, la rassurer. Et puis pendant les travaux, il a fallu la reloger temporairement, mais elle ne voulait pas du tout quitter sa maison, ça lui faisait très peur, il a fallu aussi aller la voir, lui parler, lui expliquer, la rassurer. C’est ce rôle-là que j’aime, celui du bénévole. [...] Lire la suite…